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L'actualité du secteur de la santé

mars 30th, 2010

Alors que les déclarations fusent de part et d’autre sur la toile concernant la revalorisation des généralistes, Le ministre de la santé Roselyne Bachelot a annoncé que les élections professionnelles chez les médecins libéraux auraient lieu le 29 septembre.

La médecine libérale en plein tourmentPrésente au congrès du syndicat MG France à Lille samedi, elle a profité de l’occasion pour annoncer que les maux évoqués dernièrement seraient pris en considération : « Si je suis parmi vous aujourd’hui, c’est précisément parce que j’entends, tout en assumant mes responsabilités, lever des malentendus et vous expliquer comment j’envisage, avec vous, l’avenir ». Et sans pour autant évoquer de mesures concrètes, Le ministre entend réduire les charges administratives imposées aux médecins et proposer des modes de rémunération plus en accord avec la charge de travail abattue.

Pour rappel, MG France était le syndicat à l’origine du mouvement de grève des généralistes le 11 mars dernier.

Cette déclaration de Mme Bachelot intervient en pleine crise de la profession, et quand d’un côté les généralistes demandent une revalorisation de leur profession, de l’autre ce sont les régions qui peinent à trouver de nouveaux médecins pour les zones sous dotées où le nombre de praticien par habitant ne cesse de chuter. Ainsi voit-on de plus en plus de collectivités avoir recours aux bourses, rémunérant l’étudiant durant ses études (le montant de la bourse est variable, elle démarre à 300€ et peut atteindre jusqu’à 1800€ par mois) contre X années d’exercice dans une zone ou les médecins font défaut. Généralement, l’engagement du bénéficiaire de la bourse à exercer dans une zone pauvre en médecins est égale à la période durant laquelle il a profité du soutien financier.

Pour plus d’informations je vous renvoie vers l’article de France soir Médecins généralistes : le grand malaise, qui résume assez bien la situation.

mars 24th, 2010

Touchée de plein fouet par le manque de médecins généralistes, une délégation du conseil général de la Sarthe s’est rendue très récemment à Cluj pour y rencontrer les 70 étudiants français en train d’y passer leur diplôme. Ils ont pour la plupart échoué de peu aux concours d’admission en France, la faute à un numerus clausus resté relativement faible malgré la crise de la profession.

Cluj, terre d'exil des étudiants français en médecine généraleSituée au nord-ouest de la Roumanie, l’université a ouvert un cursus de médecine générale réservé aux étudiants français. La formation ainsi que le diplôme sont reconnues au niveau européen et permettent d’exercer dans n’importe quel pays de l’union.

Les responsables ont présenté aux étudiants les avantages dont ils bénéficieraient en s’installant dans la Sarthe. A commencer par une aide pouvant atteindre 700€ par mois pendant 3 ans, accordée à celles et ceux qui accepteraient d’exercer dans une zone déficitaire pour au moins 5 ans après obtention de leur thèse. Et avec seulement un médecin pour 1250 habitants en moyenne, les zones déficitaires dans le département de la Sarthe sont nombreuses.

Seule condition pour ces étudiants, effectuer leur internat en France.  Selon le Dr Pierre Hallier, vice-président du Conseil général, il s’agit ici de sécuriser la formation acquise : « A l’issue de leurs études en Roumanie, ils bénéficieront d’un diplôme européen en bonne et due forme et d’une formation de qualité. Nous voulons simplement sécuriser le tout en exigeant que l’internat soit effectué en France ».

Écoutez l’intervention du Dr Pierre Hallier, vice-président du Conseil général sur Europe 1 :


La Sarthe veut importer des médecins
envoyé par Europe1fr. – L’info video en direct.

mars 23rd, 2010

Photo © Getty imagesDésireux de faire avancer les choses rapidement et non content des répercutions de la journée de grève du 11 mars dernier, le principal syndicat de médecins libéraux, la CSMF, a appelé à faire payer unilatéralement la consultation 23€ au lieu 22€ s’ils n’ont pas obtenu satisfaction sur ce point d’ici là. Même chose pour les consultations à domicile qui devront être facturées 33€ au lieu de 32€.

L’ensemble de la profession s’estime en effet lésée par rapport à d’autres disciplines médicales bénéficiant du statut de spécialiste, comme nous l’évoquions précédemment dans l’article Médecins généralistes et corps infirmier : bilan de la journée du 11 mars. Les généralistes regrettent la part trop importante de leur activité consacrée aux tâches administratives et prennent l’exemple de leurs homologues allemands ou britanniques qui profitent d’un régime nettement plus favorable.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué de la Confédération des Syndicats Médicaux de France à ce sujet :

Trop c’est trop : la CSMF lance un mouvement tarifaire à compter du 12 avril

La CSMF, réunie en assemblée générale, le samedi 20 mars, constate que plusieurs engagements de la convention médicale signée en 2005 n’ont pas été tenus en raison du blocage imposé depuis plus deux ans et demi par le Gouvernement.

Dans ces conditions, la CSMF exige que le règlement arbitral solde la convention de 2005, avant de pouvoir envisager la prochaine, en mettant en œuvre immédiatement les mesures tarifaires engagées et les avenants bloqués. C’est une question de respect des engagements et des signatures indispensable pour inciter les syndicats, et en particulier la CSMF, à signer une nouvelle convention.

La nouvelle convention devra construire de nouvelles perspectives sur les bases des acquis de la précédente et non pas recycler le passif, ce qui serait inacceptable.

Dans l’hypothèse où le règlement arbitral ne répondrait pas à cette attente, la CSMF, premier syndicat médical français, appellera tous les médecins libéraux à un mouvement tarifaire à partir du 12 avril.

A compter du 12 avril, la CSMF appellera :

  • Tous les médecins généralistes à appliquer la consultation au cabinet 23 € et la visite à domicile 33 € tels que prévues dans l’avenant n°23 signé le 23 mars 2007 ;
  • Tous les médecins spécialistes à appliquer le C2 consultant tel que prévu dans l’avenant n°23 signé le 23 mars 2007, suivi d’une décision de la Commission de Hiérarchisation du 26 septembre 2007 et d’un accord de l’UNCAM du 27 novembre 2007 ;
  • Tous les médecins, en cabinet et en établissement, à exiger le paiement de leurs astreintes, dès lors qu’ils sont inscrits sur le tableau des gardes.

Par ailleurs, la CSMF maintient son mot d’ordre de grève de la télétransmission tous les mardis.

La CSMF estime que trop, c’est trop, et que les médecins méritent le respect, un respect qui commence par celui des engagements tarifaires signés.

Motion votée à l’unanimité,
lors de l’Assemblée Générale de la CSMF du 20 mars 2010

Source Image : Photo © Getty images

mars 15th, 2010

Mobilisation restreinte des infirmières et infirmiers

Opposés aux mesures respectives de leur profession, les médecins généralistes et le corps infirmier ont manifesté jeudi 11 mars dernier.

Le mouvement infirmier aura vu 1500 personnes manifester dans les rues pour finalement se réunir face au ministère de la santé. Ce chiffre relativement faible s’explique selon les syndicats par un fort taux d’assignation dans les services, ce qui a empêché aux principaux concernés de se mobiliser en masse.

2 délégations ont été reçues tout à tour par les membres du cabinet ministériel. Toutefois les autorités considérant que la revalorisation entamée coûte déjà beaucoup, elles se sont contentés d’écouter sans avancer d’actions concrètes à mettre en place.

Médecin généraliste : une profession en crise

Du côté des généralistes, si le mouvement a pu paraître restreint (on estime qu’environ 18% des cabinets étaient fermés pour la journée du 11 mars), il s’agit tout de même de la plus forte mobilisation depuis 15 ans. Ce résultat satisfaisant démontre bel et bien les difficultés ainsi que le manque de considération auxquels doivent faire face les médecins généralistes. Profession peu attrayante qui bien que reconnue comme une spécialité, ne bénéficie pas des mêmes avantages que les autres.

Source : Médiapart

Source : Médiapart

Le nombre d’heures, et plus particulièrement celles allouées aux tâches administratives, est également mis en cause par les syndicats qui déplorent que le temps de travail ne puisse être davantage consacré aux patients. A l’heure actuelle, la moyenne hebdomadaire d’heures travaillées pour un médecin généraliste est de 58h, dont 36% consacrées aux tâches administratives. Ces chiffres expliquent en partie pourquoi la jeune génération de médecins a tendance à délaisser les cabinets pour privilégier la pratique en hôpital au titre de salarié, moins chargée au niveau du temps de travail. On estime qu’en 2025, le nombre de médecins généralistes aura diminué de moitié (25 000 en 2025 contre 50 000 aujourd’hui).

Répartition du temps de travail des médecins généralistes (Site MG France)

Répartition du temps de travail des médecins généralistes (Site MG France)

Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, je me permets de vous orienter vers un article du monde qui regroupe plusieurs témoignages de médecins généralistes. On y cerne assez bien les difficultés évoquées plus haut, ainsi que leurs craintes sur l’avenir de la profession.

mars 5th, 2010

Le médecin généraliste réclame la consultation à 23€Reconnu depuis peu comme un spécialiste, le médecin généraliste réclame aujourd’hui une augmentation d’1€ sur le prix de la consultation. Bien qu’un accord ait été conclu avec l’assurance maladie en mars 2007, cette dernière menace aujourd’hui de suspendre les exonérations de cotisations sociales des médecins qui dépasseraient le seuil de 22€ pour une consultation. Elle invoque la dégradation de ses comptes due à la crise pour ne pas avoir à tenir ses engagements.

Les médias évoquent assez souvent le manque de médecins généralistes en zone rurale, c’est l’ensemble de la profession que nombre de syndicats considèrent désormais comme menacée. En effet la discipline est de moins en moins plébiscitée par la nouvelle génération, et cette stagnation de la rémunération malgré la reconnaissance du statut de spécialiste ne fait rien pour inverser la tendance.

On trouve plusieurs similitudes avec le cas des infirmières et infirmiers qui se sont vus proposés une revalorisation salariale en échange d’un départ un à la retraite repoussé de quelques années. 2 professions qui n’ont donc pas les faveurs des jeunes et pour lesquels l’état ne propose pas de solutions adaptées.

Pour les plus intéressés, je vous renvoie vers l’article du figaro sur la consultation à 23€ et le commentaire très intéressant de « JrL » dont voici quelques extraits :

« lorsque je demande 22 euros en fin de consultation, ça peut être pour le soin d’un rhume… ou la prise en charge d’une poussée hypertensive grave chez un coronarien, un acte chirurgical d’une heure (sans chercher compliqué: désincarcération d’un ongle incarné, suture délicate…) ou encore un temps d’écoute et de conseils de 40 à 50 minutes pour une personne qui craque »

« mes horaires sont fixes dans le principe (derniers rendez-vous aux environs de 19h) mais bien sûr par en réalité. Il est fréquent que le samedi *matin* se termine en réalité à 18h… les urgences d’avant le week-end sont une fatalité inébranlable »

« une visite à domicile c’est: au minimum 15 minutes de trajet aller-retour, et de 25 à 30 minutes sur place (c’est plus compliqué de consulter sans dossier médical informatisé donc un peu plus long, sans compter qu’il s’agit le plus souvent de personnes âgées qui sont plus lentes, isolées et se déplacent peu/pas et dont je suis parfois la seule visite de la journée ou de la semaine); donc 32 euros pour un grand minimum de 40 minutes (mais ça peut facilement aller à 45-60 minutes) »